Développé dans les années 1980 par la gériatre américaine Mary Tinetti, le test de Tinetti s’est progressivement imposé comme une méthode de référence pour apprécier la stabilité posturale et la qualité de la marche chez les personnes âgées. Cet outil d’évaluation standardisé permet de détecter les risques de chute à un stade précoce, afin de proposer des interventions adaptées. Il est couramment utilisé dans les services de gériatrie, les maisons de retraite, ainsi que dans les consultations en médecine générale ou en kinésithérapie.
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Objectif du test et contexte d’utilisation
Le test de Tinetti vise principalement à évaluer deux dimensions : l’équilibre statique et dynamique d’une part, et la marche d’autre part. Il s’inscrit dans une démarche préventive pour repérer les facteurs de fragilité liés à l’instabilité.
Les professionnels de santé l’utilisent auprès de personnes de plus de 65 ans, en particulier lorsque celles-ci ont déjà chuté ou présentent des troubles de la marche ou de l’équilibre. Il peut également être proposé de manière systématique dans les bilans gériatriques.
Son intérêt réside dans sa simplicité de mise en œuvre, l’absence de matériel sophistiqué, et sa capacité à fournir une évaluation rapide du risque de chute. Il s’intègre dans un protocole plus large d’analyse des capacités fonctionnelles.
Description du test et déroulement
Le test se divise en deux parties bien distinctes : une section dédiée à l’équilibre et une autre portant sur la marche. Chaque section contient plusieurs items notés selon des critères précis.
Partie 1 : Équilibre
La section équilibre se compose de neuf épreuves portant sur des aspects comme la capacité à se lever sans appui, la stabilité en position debout, les réactions posturales lors de perturbations, ou encore la capacité à pivoter sur soi-même.
Voici quelques exemples d’épreuves évaluées dans cette première partie :
- Se lever d’une chaise sans utiliser les accoudoirs
- Maintenir l’équilibre en position debout pieds joints
- Résister à une poussée légère sur le thorax
- Faire un demi-tour sur place
Chaque item est noté de 0 à 1 ou de 0 à 2 selon le critère observé, pour un total maximal de 16 points.
Partie 2 : Marche
Cette partie analyse le style de marche sur quelques mètres, généralement un aller-retour sur une distance de 6 à 10 mètres.
Les items évalués incluent :
- L’initiation de la marche (fluidité du démarrage)
- La régularité des pas
- La hauteur et la symétrie des pas
- La trajectoire suivie
- La stabilité du tronc pendant la marche
Le score maximal de cette section est de 12 points.
Section | Nombre d’items | Score maximal |
---|---|---|
Équilibre | 9 | 16 |
Marche | 7 | 12 |
Total | 16 | 28 |
Interprétation des résultats
Le score total obtenu permet de classer le niveau de risque de chute du patient. Voici les catégories fréquemment utilisées :
- Score entre 25 et 28 : faible risque de chute
- Score entre 19 et 24 : risque modéré
- Score inférieur à 19 : risque élevé
Ces seuils ne doivent toutefois pas être interprétés isolément. Ils doivent être considérés dans un ensemble d’observations cliniques et fonctionnelles, incluant notamment l’historique des chutes, les troubles cognitifs, les douleurs, ou les traitements en cours.
Avantages et limites du test
Le test de Tinetti présente plusieurs atouts qui expliquent sa diffusion large dans les pratiques médicales.
Points forts
- Rapide à réaliser (environ 10 minutes)
- Ne nécessite pas d’équipement spécialisé
- Facilement reproductible
- Permet une évaluation standardisée
Limites
- Moins adapté aux patients présentant des troubles cognitifs avancés
- Score influencé par la subjectivité de l’observateur
- Peut ne pas refléter toutes les situations réelles (marche sur terrain irrégulier, obstacles, etc.)
Utilisation dans les structures gériatriques
Dans les établissements spécialisés pour personnes âgées, le test est souvent intégré à une évaluation globale dès l’admission ou lors de bilans périodiques. Il permet aux équipes soignantes d’anticiper les situations à risque et d’adapter les conditions de vie.
Par exemple, un patient présentant un score inférieur à 19 pourra bénéficier d’un accompagnement plus soutenu pour ses déplacements, d’une rééducation ciblée, voire d’aménagements spécifiques dans son environnement immédiat.
Application en cabinet de ville et suivi individuel
Le test de Tinetti peut aussi être pratiqué par les médecins généralistes, les kinésithérapeutes ou les ergothérapeutes en consultation de ville. Il constitue alors un outil d’aide à la décision pour orienter vers des programmes de prévention des chutes.
Certains professionnels l’utilisent également pour mesurer les effets d’une rééducation ou suivre l’évolution de la stabilité dans le temps, en répétant le test à intervalles réguliers.
Comparaison avec d’autres outils d’évaluation
Le test de Tinetti n’est pas le seul à évaluer les capacités posturales et locomotrices. Il peut être comparé à d’autres outils comme le Timed Up and Go (TUG), le Berg Balance Scale, ou encore l’index de Barthel.
Chacun de ces outils présente des spécificités :
- Le TUG évalue le temps mis à se lever, marcher trois mètres, faire demi-tour et revenir s’asseoir
- Le Berg Balance Scale analyse 14 situations fonctionnelles, mais demande plus de temps
- L’index de Barthel s’intéresse plus largement à l’autonomie dans les activités quotidiennes
Le choix dépend du contexte, des objectifs cliniques, et de la disponibilité du personnel formé.
Impact dans la prévention des chutes
En détectant précocement les signes d’instabilité, le test permet de mettre en place des actions concrètes pour réduire les risques : exercices de renforcement musculaire, séances d’équilibre, adaptations de l’habitat, ou encore révision des traitements médicamenteux.
Il permet aussi de sensibiliser les proches et les aidants sur les comportements à adopter pour sécuriser les déplacements quotidiens.
Évolutions et perspectives
Des travaux récents ont cherché à numériser le test de Tinetti, avec l’utilisation de capteurs de mouvement ou de plateformes connectées. L’objectif est de rendre les mesures plus objectives et d’automatiser le suivi. D’autres approches explorent l’intégration du test dans des applications mobiles, afin d’en faciliter l’accès à domicile, y compris dans les zones rurales ou les contextes de télémédecine.