Opération de la cataracte : étapes, âge et contre-indications

Opération cataracte

La cataracte est une affection oculaire fréquente, caractérisée par l’opacification progressive du cristallin (la lentille naturelle à l’intérieur de l’œil). Ce trouble de la vision apparaît le plus souvent avec le vieillissement : selon l’Inserm, plus d’une personne sur cinq est concernée dès l’âge de 65 ans, et près de deux tiers des plus de 85 ans en sont atteints. La cataracte provoque une baisse graduelle de l’acuité visuelle, avec des symptômes tels qu’une vision voilée, une sensibilité accrue à la lumière et une altération de la perception des couleurs. Lorsqu’elle n’est pas traitée, elle peut conduire à une perte importante de la vision au fil du temps.

Au stade initial, une cataracte débutante peut être compensée temporairement par le port de lunettes adaptées ou un meilleur éclairage. Cependant, aucun traitement médical (collyre, médicament) n’est capable de stopper ou d’inverser l’opacification du cristallin. Le seul traitement efficace de la cataracte est donc l’intervention chirurgicale, généralement proposée dès que la gêne visuelle perturbe la vie quotidienne malgré une correction optique optimale, conformément aux recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS).

Il s’agit aujourd’hui d’une chirurgie très courante et bien maîtrisée. En France, plus de 600 000 opérations de la cataracte sont réalisées chaque année, reflétant l’ampleur de cette prise en charge et le besoin visuel d’une population vieillissante.

La chirurgie de la cataracte offre généralement d’excellents résultats visuels, avec plus de 90 % des opérés retrouvant une vision fonctionnelle satisfaisante et des complications graves très rares.

Comment se déroule concrètement une opération de la cataracte ? Y a-t-il un âge limite pour ce type d’intervention chirurgicale ? Quelles sont les principales contre-indications médicales à prendre en compte avant d’opérer ? Autant de questions importantes auxquelles cet éclairage médical apporte des réponses claires et structurées.


Déroulement de l’opération de la cataracte

L’opération de la cataracte est réalisée par un chirurgien ophtalmologiste dans un environnement stérile, généralement au bloc opératoire d’une clinique ou d’un hôpital. C’est un acte le plus souvent pratiqué en ambulatoire : le patient arrive le jour même et peut regagner son domicile quelques heures après l’intervention, sous réserve d’être accompagné. Avant l’opération, un bilan préopératoire est effectué, incluant une consultation d’anesthésie et des mesures oculaires (biométrie) pour calculer la puissance de l’implant intraoculaire qui remplacera le cristallin opacifié.

La technique chirurgicale de référence est la phacoémulsification par ultrasons, effectuée sous anesthésie locale. Voici les principales étapes du déroulement typique d’une chirurgie de la cataracte :

  1. Anesthésie de l’œil : l’intervention se fait le plus souvent sous anesthésie locale « topique » par l’instillation de gouttes anesthésiantes dans l’œil. Parfois, une petite injection d’anesthésique autour de l’œil est réalisée. Cette anesthésie locale, éventuellement associée à un léger sédatif, rend l’opération indolore tout en évitant les risques d’une anesthésie générale.
  2. Incision cornéenne : le chirurgien pratique une ou deux micro-incisions (de l’ordre de 2 mm) à la surface de l’œil, au niveau de la cornée. Ces incisions permettent d’accéder au cristallin. Dans certains cas, une assistance par laser femtoseconde peut être utilisée pour réaliser les ouvertures de façon très précise.
  3. Extraction du cristallin opacifié : une sonde ultrasonique est introduite à travers l’incision jusqu’au cristallin. Les ultrasons émis vont fragmenter et désagréger le noyau du cristallin durci (cette étape est appelée phacoémulsification). Les fragments du cristallin sont ensuite aspirés délicatement hors de l’œil, tout en préservant la fine capsule transparente qui enveloppait le cristallin.
  4. Implantation de la lentille artificielle : une fois le cristallin d’origine retiré, le chirurgien insère à sa place un implant intraoculaire en matériau synthétique biocompatible. Cet implant, plié pour passer par la petite incision, est positionné à l’intérieur du sac capsulaire resté en place. Il remplace le cristallin en focalisant la lumière sur la rétine. Le plus souvent, un implant monofocal standard est posé, corrigeant la vision de loin. D’autres types d’implants (multifocaux pour corriger aussi la vision de près, toriques pour l’astigmatisme) peuvent être envisagés selon le profil visuel du patient, après discussion avec l’ophtalmologiste.
  5. Fin de l’intervention : le chirurgien vérifie le bon placement de l’implant et l’absence de saignement. Il peut injecter un antibiotique dans l’œil afin de prévenir le risque d’infection post-opératoire. L’incision cornéenne étant auto-étanche, elle se referme généralement sans suture (grâce à l’hydratation de la cornée, un léger œdème se forme pour sceller la plaie). Un pansement oculaire ou une coque de protection est posé sur l’œil opéré, que le patient gardera pendant la première nuit.

La durée totale de l’intervention est brève : en moyenne de 15 à 30 minutes seulement pour un œil. Pendant toute la procédure, le patient est éveillé mais ne ressent aucune douleur au niveau de l’œil anesthésié. Il perçoit éventuellement de vagues lumières ou mouvements, sans voir les détails de l’opération.

Une fois sorti de la salle d’opération, il passe un court moment en salle de repos avant d’être autorisé à rentrer chez lui le jour même. En cas de cataractes bilatérales (atteignant les deux yeux), la chirurgie se réalise sur un œil à la fois : on opère d’abord le premier œil, puis le second lors d’une intervention planifiée quelques semaines plus tard. Cela permet à chaque œil de récupérer correctement et facilite le suivi post-opératoire.


Limites d’âge pour l’opération de la cataracte

La cataracte touche principalement les personnes âgées, et l’âge moyen des patients au moment de l’opération se situe autour de 70 à 75 ans. Néanmoins, il n’existe pas de limite d’âge supérieure stricte pour bénéficier d’une chirurgie de la cataracte. En d’autres termes, l’âge avancé n’est pas en soi une contre-indication à l’intervention.

Même chez un sujet de 90 ans ou plus, une opération peut être pratiquée dès lors que la cataracte entraîne un handicap visuel significatif et que l’état de santé général du patient est satisfaisant pour supporter l’intervention. Les techniques modernes d’anesthésie locale (simple instillation de collyre anesthésiant) permettent d’opérer des patients très âgés sans le stress d’une anesthésie générale, ce qui élargit considérablement l’accessibilité de la chirurgie aux seniors. Des études ont montré que le bénéfice visuel reste important y compris chez les patients très âgés, améliorant leur autonomie et leur qualité de vie.

À l’inverse, la cataracte peut aussi survenir chez des personnes plus jeunes, bien que ce soit moins fréquent. Des cataractes précoces peuvent se développer avant 60 ans en cas de facteurs de risque particuliers : diabète mal équilibré, forte myopie, antécédent de traumatisme oculaire ou usage prolongé de corticoïdes, par exemple.

Par ailleurs, il existe des formes de cataracte congénitale touchant les nourrissons (présentes dès la naissance), qui nécessitent une prise en charge chirurgicale dès les premiers mois de vie afin de permettre un développement visuel normal de l’enfant. Ainsi, aucune tranche d’âge n’est épargnée : ce sont les circonstances et l’importance du trouble visuel qui dictent l’indication opératoire, et non l’âge en lui-même.

En pratique, chaque patient est évalué individuellement. Un adulte jeune pourra être opéré s’il présente une cataracte invalidante, tout comme un aîné de plus de 85 ans pourra l’être si son état le permet. Le tableau ci-dessous illustre quelques situations selon l’âge du patient face à une cataracte :

Âge du patient Spécificités de la prise en charge de la cataracte
Enfant (cataracte congénitale) Cataracte présente dès la naissance. Intervention réalisée sous anesthésie générale par un spécialiste en ophtalmologie pédiatrique, généralement dans les tout premiers mois de vie pour éviter un déficit visuel permanent.
Adulte jeune (< 60 ans) Cataracte précoce liée à un facteur de risque (diabète, traumatisme, etc.) ou à une prédisposition. Chirurgie indiquée si la baisse de vision impacte le quotidien, après avoir éventuellement corrigé les causes contributives quand c’est possible.
Senior (environ 60-75 ans) Période la plus fréquente de survenue de la cataracte dite « liée à l’âge ». La décision opératoire se base sur la gêne fonctionnelle ressentie : on n’attend plus que la cataracte soit « mûre » comme autrefois. L’opération peut être proposée dès que la vision diminuée perturbe les activités usuelles (lecture, conduite, travail, etc.).
Âge très avancé (80-100 ans) Il n’y a pas d’âge limite pour opérer : un patient très âgé peut bénéficier d’une chirurgie de la cataracte si son état de santé le permet. L’anesthésie locale est un atout chez ces patients fragiles. Chaque cas est examiné individuellement en tenant compte des bénéfices attendus (amélioration de la vision, du confort de vie) et des risques opératoires potentiels.

L’opération de la cataracte peut être envisagée à tout âge de la vie, dès lors que les symptômes visuels justifient l’intervention et sous réserve que les conditions médicales générales soient adéquates. La notion de “limite d’âge” a donc peu de sens dans le contexte de cette chirurgie, hormis la prise en compte de l’état de santé associé à l’âge du patient. La décision de pratiquer l’intervention est toujours prise en concertation avec le patient (et éventuellement sa famille), en évaluant les bénéfices escomptés en termes de vision et d’autonomie.

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Contre-indications médicales à la chirurgie de la cataracte

Malgré les excellents taux de succès de la chirurgie de la cataracte, certaines situations médicales peuvent constituer des contre-indications ou conduire le chirurgien à reporter l’opération. La première condition pour envisager une chirurgie est que la cataracte soit suffisamment gênante : si la vision du patient demeure satisfaisante avec une simple correction optique, il n’y a pas lieu de l’opérer immédiatement. En effet, on n’intervient que lorsque les bénéfices attendus surpassent les risques chirurgicaux. Outre ce cas de figure, voici les principales contre-indications médicales à une opération de la cataracte :

  • Affections oculaires associées non stabilisées : la présence d’une autre pathologie oculaire active peut compliquer le geste chirurgical ou en limiter les bénéfices. Par exemple, une inflammation intraoculaire (uvéite) doit être traitée avant d’envisager la cataracte. De même, une rétinopathie diabétique proliférante ou un glaucome mal équilibré constituent des contextes à optimiser d’abord. Parfois, il faut hiérarchiser les interventions : si la cataracte empêche de soigner correctement une dégénérescence maculaire (DMLA) en masquant le fond d’œil, on choisira de l’opérer en priorité. En revanche, si une chirurgie du glaucome est plus urgente, elle sera réalisée avant la cataracte. Ces décisions se prennent au cas par cas afin d’assurer le meilleur enchaînement thérapeutique.
  • État de santé général défavorable : certaines maladies systémiques graves ou non contrôlées peuvent rendre une chirurgie, même oculaire, trop risquée à un instant T. Des problèmes cardiaques sévères, une insuffisance respiratoire avancée ou des troubles neurologiques majeurs (par exemple une maladie de Parkinson très instable rendant le patient incapable de rester immobile) sont autant de situations qui peuvent conduire à différer ou à annuler l’opération de la cataracte. Il est indispensable d’évaluer l’aptitude médico-chirurgicale de la personne en collaboration avec le médecin traitant ou d’autres spécialistes si nécessaire. Une anesthésie générale pour une cataracte est rarissime, mais si elle devait être envisagée (cas particulier d’un patient qui ne peut coopérer autrement), l’état général doit pouvoir la permettre sans danger.
  • Risque hémorragique ou allergique majeur : un trouble important de la coagulation sanguine ou un traitement anticoagulant mal équilibré peut augmenter le risque de saignement au moment de l’opération. Le chirurgien prendra alors des précautions, comme ajuster ce traitement en accord avec le médecin référent, voire reporter l’intervention en attendant des conditions plus sûres. Par ailleurs, un terrain allergique sévère (antécédents de réaction grave à certains anesthésiques ou antibiotiques) nécessitera d’adapter le protocole d’anesthésie et de prévention de l’infection. Ces situations restent exceptionnelles et une solution est souvent trouvée pour permettre la chirurgie en toute sécurité.
  • Impossibilité de suivi post-opératoire : la réussite de l’opération de la cataracte repose aussi sur les soins après l’intervention. L’instillation de collyres pendant quelques semaines et les consultations de contrôle sont indispensables. Si le patient se trouve dans l’incapacité de respecter ce suivi (par exemple en cas d’isolement social sans aidant, de démence très avancée ou de refus de coopération), l’indication opératoire peut être remise en question. Une aide extérieure ou un accompagnement médico-social pourra alors être mis en place pour lever cette contre-indication relative.

Il convient de noter que l’absence de consentement du patient constitue également une contre-indication formelle à toute chirurgie non urgente. Le patient doit être volontaire et dûment informé des risques et bénéfices pour que l’intervention ait lieu, sauf situation d’extrême nécessité. Mis à part ce cas, la plupart des contre-indications à la chirurgie de la cataracte sont relatives ou temporaires : il s’agit souvent de traiter d’abord un problème de santé concomitant ou d’optimiser l’état général, puis de réaliser l’opération dès que les conditions sont réunies. Chaque cas est unique et fait l’objet d’une évaluation personnalisée. En pratique, le chirurgien ophtalmologue pèse rigoureusement le rapport bénéfice/risque pour chaque patient avant de décider d’opérer.

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